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Billet publié le 2 Septembre 2024

Dégel des pôles et routes maritimes nordiques

Le réchauffement climatique remet régulièrement à l’ordre du jour les études sur les possibilités de navigation par les routes du Nord, pour éviter les coûts du canal du Panama ou pour s’affranchir de ceux du canal de Suez. L’idée est séduisante, mais les obstacles sont encore nombreux, et pas uniquement sous la forme de « growlers » (fragments d’icebergs).

Le passage du Nord-Ouest est loin d’être facilement praticable, même en été. Il est pour l’instant réservé à des trafics marginaux de croisière, avec quelques navires spéciaux comme le Jean Charcot de la compagnie du Ponant.

Le passage du Nord Est, navigable plus longtemps dans l’année, permet de réduire la distance Europe du Nord - Chine de 30%. Il est cependant aussi réservé à des navires spéciaux équipés d'étraves renforcées.

L’intérêt de la Russie est évident. Elle exploite et développe de nombreux sites gaziers en Sibérie. L’exportation de pétrole ou gaz se fait à l’abri des sanctions occidentales. Elle se dote pour cela de brise-glaces puissants, service pour lequel elle ne manquera d’appliquer des péages pour assurer une navigation sûre. Cela concerne essentiellement le trafic des vracs, solides ou liquides.

Pour les mêmes raisons géopolitiques et pour une évidence géographique, l’intérêt de la Chine est grand. Elle mène de nombreuses études, fait des essais, y compris en ce qui concerne le transport international de marchandises « conteneurisées ». Les nouvelles routes de la soie seront sans doute plus fraiches que nous ne l’imaginons.

Pour le reste des échanges mondiaux par conteneurs sous contrôle des grands armements occidentaux et dans la mesure où les chaines logistiques reposent sur la plus grande régularité possible, ce n’est pas à l’ordre du jour. On a constaté récemment que les attaques des Houtis du Yemen, en obligeant les navires à contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance au lieu d’utiliser le canal de Suez, ont provoqué une augmentation importante des taux de fret: les trajets sont plus longs de 8 à 15 jours, il faut mobiliser davantage de navires, supprimer des escales. Sans parler de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

La solution du Nord Est n’est donc pas d'actualité, comme le dit par exemple MSC, le plus grand armateur de porte-conteneurs “. Les eaux de l’Arctique sont un grand défi pour la navigation à cause de la glace, des conditions météo, du manque de données géographiques et des infrastructures limitées. Les moyens disponibles pour réagir à une pollution ou une opération de sauvetage sont éloignés, ce qui signifie que nos navires et leurs équipages devraient se débrouiller seuls. ”

On peut enfin et surtout remarquer que cette route présente l’inconvénient rédhibitoire pour les Occidentaux d’être entièrement sous emprise russe.

Pierre PIGEAT

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Billet publié le 10 Août 2024

Femmes au pouvoir, un monde pas si nouveau

Jeanne d’Arc, Boadicée, Néfertiti, Cléopâtre, Elizabeth I, Catherine II de Russie, Eléonore d’Aquitaine, les femmes au pouvoir ne sont pas un phénomène réellement nouveau, même s’il n’était pas la règle habituelle. Depuis la deuxième guerre mondiale, il ne ne surprend d’ailleurs plus, même dans des pays musulmans.

D’après une récente étude de la chaine de télévision américaine CNN, nombreuses sont les femmes à occuper des positions politiques suprêmes : chef d’Etat ou de gouvernement dans 26 pays dans le monde : 12 en Europe, 5 et bientôt 6 dans les Amériques, 4 en Afrique, 2 en Océanie, 3 en Asie.

Dans l’antiquité, les femmes accédaient au pouvoir par la force de caractère, mais aussi par mariage et l’héritage. Aujourd’hui la mobilité sociale devient un facteur dominant, comme par exemple Margaret Thatcher au royaume Uni ou Madeleine Albright (ancienne Secrétaire d’Etat américaine) . Le phénomène se multiplie : Christine Lagarde (BCE), Meloni (Italie),

Kamala (prononcé Comm’la) Harris aux États-Unis, Rachel Reeves (ministre de finances au Royaume Uni), Frederiksen (première ministre, Danemark et d’autres femmes première ministre dans les pays nordiques), Anne Hidalgo (Maire de Paris) et Rachida Dati, Angela Rayner (nouvelle vice première ministre du R.U). Dati a commencé en tant qu’aide-soignante, Rayner comme assistant sociale, ayant quitté l’école à 16 ans sans diplôme ; Yael Braun-Pivet (Assemblée national) a commencé à 16 ans en tant que sténographe. Selon les mots de Bob Dylan: (Prix Nobel de littérature 2016 , « Les Temps sont en train de changer » (1964).

Désormais les causes sont multiples, la référence des sondages, les sujets politiques, la démographie électorale. L’évolution actuelle est complexe et rapide, sous l’effet de la mémoire collective des guerres ou de la paix, de l’État providence, des changements de référence des valeurs, de l’éducation, de l’émigration et immigration internes entre régions et villes, des techniques numériques et de la langue parlée, etc…

Parallèlement, on décèle aussi depuis une trentaine d’années un appétit plus marqué pour des dirigeants jeunes, hommes comme femmes.

Les anciens « plafonds de verre » deviennent les miroirs de mouvements qui transpercent les pays, en particulier en Occident.

En 1405 déjà, le livre de Christine de Pizan « La Cité des femmes » publié à Paris, évoquait une cité utopique, construite pierre par pierre par des femmes.

Le mouvement est donc ancien et sans doute loin d’être terminé.

George MURRAY

Billet publié le 27 Juillet 2024

Macron et la boule de cristal

Dans son interview télévisée du 23 juillet dernier, le Président Macron a dit deux choses importantes. D'abord que son choix de dissoudre l'Assemblée le 9 juin était un choix réfléchi, fait « en conscience » et après avoir hésité. Et ensuite que, quoi qu'il arrive, il resterait à son poste jusqu'en 2027.

L'impasse du macronisme

Pourquoi donc Macron a-t-il fait « en conscience » ce choix disruptif ? C'est peut-être qu'il a pris conscience de l'impasse du macronisme. Tel Giscard qui affirmait que « la France désire être gouvernée au centre », mais plus radical que lui, Macron a en effet instauré un mode de gouvernement « extrême-centriste » qui campe au centre de l'échiquier politique en donnant successivement des coups de barre à gauche et à droite par des mesures parfois symboliques, parfois coûtant très cher aux Finances publiques - des mesures qui donnent alternativement satisfaction aux électeurs de sensibilité de droite ou de gauche. Cette godille permanente a une première conséquence : un dérapage budgétaire récurrent qui inquiète de plus en plus les marchés financiers. Il est clair que cela ne peut pas durer indéfiniment !

Une deuxième conséquence est plus psychologique et plus politique. Dans une démocratie parlementaire où les forces politiques se sont structurées en partis ou coalitions stables, on observe en général une alternance entre deux grands blocs ou grands partis, qui s'appellent la Gauche et la Droite pour la France. Et le jeu des élections démocratiques fait que, pour l'emporter, il faut gagner des voix au centre. Ainsi, à chaque élection, ce sont habituellement des programmes de gouvernement raisonnables qui parviennent à l'emporter.

Mais avec le macronisme, l'espoir de parvenir au pouvoir s'éloigne à tout jamais pour ces partis. Et comme leurs cadres politiques les plus modérés ont évolué vers le parti central, ceux qui restent, à gauche ou à droite, laissent la parole aux extrémistes qui entretiennent chez les électeurs une colère de plus en plus apparente. C'est cette colère que l'on a vu s'exprimer lors du 1er tour des législatives, le 7 juillet dernier.

Inquiétante dérive financière, montée des pulsions extrémistes dans l'opinion : à l'usage, l'impasse est évidente. Alors, devant ce constat d'échec, la dissolution visait-elle à « rebattre les cartes » ?

La boule de cristal de 2027

La dissolution et les élections législatives des 30 juin et 7 juillet ont enclenché des mécanismes dont les résultats sont difficilement prévisibles. Mais puisque l'été et les Jeux Olympiques sont là, laissons donc notre esprit jouer en liberté dans les méandres des possibles !

- dans l'immédiat, les compromis auxquels Emmanuel Macron exhorte les partis autres que le Rassemblement National seront peut-être trouvés, donnant naissance à un gouvernement capable de faire voter le budget, et au minimum les adaptations législatives rendues indispensables par l'évolution des choses … mais c'est le meilleur scénario, il en est d'autres bien pires !

- arrive alors l'élection présidentielle de 2027. Divers sondages, de février 2024 ou un autre tout récent, donnent Marine Le Pen largement en tête au 1er tour (36% dans le sondage de février !) et au coude-à-coude, pour le 2ème tour, avec des candidats tels qu'Edouard Philippe ou Gabriel Attal.

- si Marine Le Pen l'emporte, dissoudra-t-elle l'Assemblée Nationale dans la foulée ? Ou au contraire, préférera-t-elle « respecter les institutions » (comme elle le dit souvent) et entamer une période de cohabitation de deux ans, jusqu'en 2029 ? Pour que le RN puisse mieux préparer les législatives ?

- si c'est un candidat centriste qui est élu, dissoudra-t-il la Chambre à son tour ? Avec quelles garanties que le « Front Républicain » qui vient de barrer la route au RN sera effectivement reconduit ?

 

On le voit, les inconnues et les risques sont légion. Si donc le Président Macron a décidé cette dissolution pour le plus grand bien du pays, à terme, c'est qu'il est fort, très fort ! Il dispose sans doute d'une boule de cristal qui lui permet de tout prévoir, même l'imprévisible.

Michel HORPS

Billet publié le 18 Juillet 2024

La Vème république à l'épreuve

Pour la quatrième fois, les institutions de la Ve République connaissent la situation très particulière dite de « cohabitation ». Celle d’aujourd’hui est toutefois très différente des précédentes, par son contexte, par sa nature et peut être du fait de l’évolution des conditions d’expression de l’opinion publique.

La cohabitation n’est pas prévue par la Constitution. Elle résulte d’une sorte de « génération spontanée », rendue possible par la souplesse du texte et la profonde adéquation de celui-ci au tempérament politique français. Elle correspond à un face à face de coopération obligée entre d’un côté, un Président bénéficiant de la légitimité d’une élection au suffrage universel, doté de certains pouvoirs propres et en position d’arbitre actif et de l’autre côté, un Premier Ministre soutenu par une majorité parlementaire constituée pour réaliser un programme politique et faire fonctionner les services publics.

La situation actuelle se caractérise par l’absence d’un des deux cohabitant puisque l’élection n’a pas désigné de majorité claire. Dans une première phase, le Président doit donc assumer à la fois sa position d’arbitre, mais aussi favoriser la constitution de la majorité parlementaire manquante. L’exercice est inédit. Il est périlleux dans la situation du pays et des risques internationaux. Les précédents n’interdisent cependant pas de penser qu’il puisse aboutir à un résultat raisonnable, au moins pour un temps.

Les contraintes précitées peuvent mobiliser la sagesse et l’intérêt des protagonistes politiques. Si aucune majorité politique « naturelle » n’existe actuellement, des recompositions sont imaginables. Les circonstances peuvent aussi aider à corriger la dérive déjà ancienne de l’absorption de la fonction de Premier ministre par celle du Président. La bonne confrontation démocratique des positions suppose en effet un Premier Ministre effectif. La position d’arbitre actif du Président est d’autant plus efficace qu’il n’est pas trop impliqué dans les aléas de la politique quotidienne. Un retour à un meilleur équilibre entre les deux serait donc un progrès.

Comme le sport, la démocratie exige toutefois des règles stables et indiscutables. Leur correction est toujours périlleuse. Les 65 ans d’efficacité institutionnelle de la Ve République constituent encore une des forces de la France dans un monde où sa position générale s’est manifestement affaiblie. Compromettre son équilibre institutionnel serait irresponsable. Les adapter aux conditions nouvelles de nos sociétés et notamment aux nouvelles conditions d’expression de l’opinion est en revanche possible. Les précédentes cohabitations sont des exemples de pragmatisme qui montrent que la sagesse et la responsabilité peuvent aussi prévaloir en politique.

Une fois passées les rodomontades passionnelles, tel est bien le défi du moment présent.

Henri PIGEAT

Billet publié le 11 Juin 2024

La dissolution, ou les 400 coups de Macron

- Cette dissolution, quel coup de théâtre !

    - plutôt un coup de génie !

       - mais non, un coup de folie !

- En tout cas, un vrai coup de poker de Macron …

    - vous ne pensez pas qu'il a eu un coup de sang ?

- Quelle audace ! Cela va nous donner un vrai coup de jeune !

    - ou un sacré coup de blues ?

- Pour chaque parti politique, ce sera soit un coup de chance, soit lecoup de grâce …

- Macron rend coup pour coup, il redonne la parole au peuple, c'est courageux !

- Mais non, vous voyez bien qu'il n'a qu'un fusil à un coup ! Que se passera- t-il si la Chambre est ingouvernable ?

    - Ce sera un coup dur ! Un sale coup !

       - Pas du tout, vous verrez, il fera coup double !

- Moi, je vous dis que c'est un coup monté !

    - et moi, un coup tordu !

       - un coup fourré !

           - un coup foireux …

               - un coup de force !

                   - un coup de Trafalgar !

- C'est le coup du Roi ! Il tire en l'air sans rien voir, et il pense qu'il va tomber des cailles rôties …

    - bref, un coup à la con …

       - cherchez le coupable !

Michel HORPS

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La LETTRE : Numéro 183
Septembre-Octobre 2024

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Notre pays vit sur un petit nuage, persuadé d’une place exceptionnelle dans beaucoup de domaines - créativité, protection sociale, etc - et qu’il peut mieux faire pour les tracas quotidiens , niveau d...

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Les NOTES

Dans la perspective des élections de 2017, Ilissos a entrepris la publication d'une série de notes d'étude sur des sujets d'actualité.

Premières notes parues ou à paraître :
La singularité française vue de l'étranger >
La réforme territoriale >
Le réchauffement climatique >
Vivre 130 ans >

Ces notes sont disponibles sous forme de :
Livret papier, édité à la demande par Blurb
Fichiers pdf imprimables ou convertibles en eBook (gratuit pour les abonnés)

Elles sont également visionnables sur le site par les abonnés et les acheteurs.

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