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Billet publié le 26 Août 2025
Rentrée scolaire, psychodrame national redondant
Comment économiser plus de deux milliards d'euros par an.
Noël et le nouvel an, Pâques, le 14 juillet et d’autres jours importants battent le temps de la marche de la nation et ses enfants vers les lendemains.
Il y en a un, une forme de transhumance ou folie collective qui n’a ni queue ni tète, pour bien des étrangers, européens en tout cas qui le vivent pour la première fois, et ensuite chaque mois de septembre : la rentrée scolaire.
La preuve de cette spécificité, sinon exception française, se trouve dans l’incrédulité devant l’explication qu’ailleurs la reprise de l’école peut se passer sans excitation et cirque médiatique.
« La gloire de mon père »
Par conséquent, depuis le plus jeune âge chaque français n’a connu que l’ombre de préparatifs qui s’impose petit à petit en été à travers le massif de Garlaban de Pagnol, les plages, campings et piscines, jusqu’au septembre : « en tant de jours c’est La Rentrée » !
Tout le pays est donc formaté depuis des générations, semble-t-il sans qu’il y ait ni critique ni discrimination entre l’objectif et la méthode. Les coûts sont lourds*.
Chaque famille subit la pression et dépenses commerciales, concurrence des images de marque (souvent importées d’Asie) - facteurs de tensions diverses - et d’autres rapports de force. Les acteurs (exploiteurs ou victimes) principaux sont les supermarchés, enseignants avec leurs listes et exigences, la CAF, les assureurs, les associations de parents, contribuables et syndicats et surtout les enfants/ adolescents, qui sont au centre du stress de ce psychodrame inutile.
Si jamais il y ait un grand « dégraissage » et refonte du « mammouth », peut-on imaginer qu’inspiration serait tirée de la reprise de l’année scolaire dans des pays voisins, du Royaume Uni par exemple, ou la reprise de l’école se passe quasiment comme n’importe quel jour de classe, en uniforme et chaussures noires neuves (modestement subventionné pour les familles les plus démunies)? Les fournitures essentielles se font comme l’achat du pain, soit par les parents ou distribuées par l’école dans certains cas. Les magasins n’adaptent que peu leur offre, sauf que pour les uniformes des écoles à proximité, et l’assurance n’est guère un sujet d’intérêt.
Sommes-nous capables d’apprendre à oublier de « rentrer », juste continuer ?
• L’allocation ARS / CAF serait parmi les dépenses sociales les plus couteuses (plus de deux milliards d’euros par an pour 2.8 million familles), l’équivalent de l’impôt sur revenue de 680,000 foyers d’après l’association « Tous Contribuables ».
George MURRAY
Billet publié le 13 Août 2025
Insecticides. Plus qu’une péripétie politique d’été
Rien ne saurait être actuellement plus digne d’intérêt que les vacances d'été, point d'orgue annuel de notre très chère société du loisir, après la durée hebdomadaire du travail, l’âge de la retraite, les jours fériés, les RTT, les congés de maladie et les « ponts et viaducs d’absences savamment « posés » sur le calendrier.
La décision prise le 7 août dernier par le Conseil constitutionnel mérite cependant quelques instants d’attention. En première et sommaire analyse, l’usage de certains insecticides, principalement pour la culture de la betterave sucrière est à nouveau interdit, du moins dans les conditions présentes.
Le propos n’est pas de s’arrêter ici sur les circonstances déjà abondamment commentées du récent épisode parlementaire et juridictionnel. Il n’est assurément pas sain qu’une telle décision soit intervenue sans débat public des assemblées, pas plus que ne l’était la manœuvre d’obstruction préparée par, dit-on plus de 3 500 amendements de l’opposition dont le seul objectif était d’empêcher toute conclusion du moindre débat. Un peu mystérieux demeure aussi le si spectaculaire et rapide succès de la pétition « spontanée » réclamant l’abrogation. Nous ne nous arrêtons pas davantage sur les arrières pensées et manœuvres politiciennes, à quelques mois d’élections municipales fortement parfumées de considérations écologistes et à moins de deux ans d'élections présidentielles très ouvertes.
Plus intéressants sont d’autres aspects. Le premier et plus important est notre incapacité permanente à traiter les sujets environnementaux autrement que de façon politicienne et idéologique. Le phénomène apparait dès 2005, lors de l'adoption d'une « charte de l'environnement », bientôt insérée dans le préambule de la constitution, donc avec attribution d’une valeur juridique supérieure, mais dont les conditions d’application concrètes et équilibrées n’ont encore jamais été clairement définies.
La récente loi Duplomb n’est qu’un exemple des « habiletés » souvent boiteuses qui en ont résulté. L'insecticide en cause avait été interdit en 2018 puis rétabli de façon partielle en 2020 puis élargi par la loi du 8 juillet 2025 à l’initiative du Sénat, avant d’être partiellement condamné par le Conseil constitutionnel le 6 juillet dernier. Jamais, au cours des sept années passées n’a pu être émise une position claire fondées non sur des déclarations de principes d « experts » très inégalement reconnus, mais sur des études scientifiques sérieuses assorties de garanties sérieuses. La plupart des pays voisins et concurrents continuent ainsi d’utiliser cet insecticide, sous surveillance et apparemment sans contestation majeure.
Tel ne semble pas pouvoir être le cas en France. Cette affaire, comme d’autre est devenue une confrontation passionnelle d’opinions très inégalement informées, sans qu’un débat raisonné puisse conduire à la définition d’un équilibre satisfaisant et réalisable concrètement, entre deux préoccupations légitimes, celle du souci environnemental et celle de la sauvegarde d’une ambition économique suffisante pour répondre aux besoins de tous les citoyens du pays, en d’autres termes la conciliation des intérêts particuliers et de l’intérêt général de notre communauté.
L’arrêt du conseil constitutionnel, après des commentaires formulés pour la plupart avant sa lecture, et sur des bases partisanes préétablies ouvre certaines voies en ce sens. S’ils ne sombrent pas dans la pure polémique, les débat qui vont suivre pourraient s’en servir pour inventer des solutions de raison. La confiance du citoyen dans nos règles et pratiques politiques comme dans nos dirigeants politiques ne pourrait qu’y gagner.
Henri PIGEAT
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Billet publié le 1er Août 2025
L’Europe mise à genoux
Le 27 juillet 2025 restera dans l’histoire comme le jour où l’Union européenne a cédé piteusement à un « deal » à sens unique imposé par Donald Trump. Menacée de 30% de droits de douane au 1er août, elle a accepté 15 % sur ses exportations vers les États-Unis (à quelques exemptions près) contre 0 % pour les importations américaines.
Alors que l’UE est l’une des trois plus grandes puissances économiques mondiales, que son marché intérieur et son commerce extérieur sont supérieurs à ceux des États-Unis, qu’elle était résolue à faire jouer son droit de représailles tarifaires, elle s’est comportée comme un géant aux pieds d’argile. Elle assure avoir voulu éviter une escalade commerciale coûteuse. Elle a aussi agi par peur d’un vide sécuritaire. Elle a choisi d’acheter la paix commerciale au prix d’un recul de son ambition d’autonomie, à un moment de crise existentielle face à la Russie. Elle a espéré s’assurer les bonnes grâces de « l’allié américain » en lui promettant des centaines de milliards d’achats en énergies et en armements, sans contreparties.
En cédant à Trump pour « éviter le pire » à court terme, elle est devenue l’otage d’un président MAGA qui prône un retour ébouriffant au protectionnisme, façon années 1930, et qui organise un racket mondial via les droits de douane. Elle semble avoir oublié que Trump et ses complices veulent fragiliser l’Europe économiquement et la démanteler en soutenant les forces populistes anti-UE.
La Commission européenne n’est pas seule fautive. Elle est mandatée pour négocier les accords commerciaux internationaux au nom des 27 et, comme toujours, elle s’appuie sur le plus petit dénominateur commun. Sa présidente Ursula von der Leyen, décriée pour son obséquiosité face à Trump, suit les orientations validées par la majorité des États membres. Dans une France polyhandicapée, François Bayrou dénonce une « soumission ». Emmanuel Macron déplore que l’UE n’ait pas été assez « redoutée » dans la négo. Leur espoir d’un « rééquilibrage » à venir est illusoire. Un deal obtenu en se couchant ne laisse guère de place à des améliorations.
Le constat est accablant : l’UE serait capable de résister mais elle n’a pas de volonté politique commune pour défendre ses intérêts. Elle est fragmentée, insuffisamment intégrée au niveau de sa zone euro pour parler d’une seule voix, dépourvue d’autonomie militaire réelle et d’unité diplomatique. L’illusion d’un parapluie américain éternel bloque toute affirmation de souveraineté.
Ces renoncements révèlent l’urgence d’une refondation profonde de l’Union européenne (voir ILISSOS 188-189 de juin-juillet 2025). Une Europe qui ne veut plus céder aux chantages doit pouvoir clamer à Trump : European lives matter !
Pierre LEMOINE
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Billet publié le 11 Juin 2025
Pollution maritime
Du 9 au 13 juin 2025 se tient à Nice la 3ème Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC 3) dont le but est de « soutenir une action urgente et plus poussée pour conserver et utiliser durablement l’océan, les mers et les ressources marines ».
Dans ce cadre, il est important de rappeler que depuis le 1er mai 2025, les efforts pour lutter contre la pollution maritime initiés à l’initiative de la France dès 2019 dans le cadre de l’OMI (Organisation Maritime Internationale), instance de lONU de réglementation mondiale du transport maritime, ont fait de la Méditerranée la cinquième zone au monde ECA de contrôle des émissions d’oxyde de soufre SOx.
Dans les zones ECA, le taux de soufre incorporé dans les carburants ne peut pas dépasser 0,1 %, contre 0,5 % dans les zones non ECA. Définies par l’Organisation maritime internationale (OMI) dans le cadre de la convention MARPOL (Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires), ces décisions permettent à la Méditerranée de rejoindre les quatre autres zones déjà effectives (Manche-mer du Nord, Baltique, côtes est et ouest de l’Amérique du Nord - Etats Unis et Canada.
Les navires ne pourront utiliser en remplacement du fioul lourd que du gasoil marin (MGO) ou des carburants alternatifs (GNL, méthanol ou ammoniac), sauf s’ils sont équipés de « scrubbers » (filtres à particules).
Le 1er janvier 2020, précédente révolution, l’OMI a imposé une baisse de 3,5 à 0,5 % des émissions d’oxyde de soufre.
L’étape suivante sera de permettre à la Méditerranée de rejoindre les zones NECA de contrôle des NOx - oxydes d’azote (mer du Nord, mer Baltique, zone Atlantique nord) mais les négociations sont encore loin d’être achevées.
Conséquences économiques pour financer les évolutions des modes de propulsion des navires, plusieurs grandes compagnies maritimes de porte-conteneurs telles que MSC, MAERSK, CMA-CGM ou le japonais ONE, ont annoncé des surtaxes pour toutes les cargaisons entrant, sortant ou transitant par la Méditerranée. Par exemple sur l’Asie, cette surcharge représente 20 dollars par conteneur EVP vers la Méditerranée et 10 dollars en sortie de Méditerranée.
Pierre PIGEAT
Billet publié le 28 Mai 2025
Le monde prévu en 2100
Selon les prévisions de l’Institut National d’Études Démographiques (INED) la population mondiale, actuellement estimée à 8,2 milliards devrait continuer à croître, pour atteindre un plafond un peu supérieur à 10 milliards aux environs de l’année 2075, et commencer ensuite à décroître. Comme le montre le graphique ci-dessous, cette évolution sera très hétérogène et modifiera profondément la répartition de la population entre les différents continents.
Celle de l’Europe diminuera de 20% entre 2025 et 2100, passant de 9% à 6% de la population mondiale. À l’inverse, celle de l’Afrique sera multipliée par 2,5 pour passer de 19% à 37% du total. L’Afrique devrait ainsi exercer sur l’Europe une pression migratoire de plus en plus forte.
Une autre évolution spectaculaire sera une décroissance de 55% de la population chinoise, qui ne devrait plus être qu’à peine supérieure à celle de l’Europe en 2100, alors qu’elle représente aujourd’hui près du double de celle-ci.
En revanche la population de l’Inde évoluera peu, sa part du total passant de 18% à 15%, alors que celle des autres parties de l’Asie sera en augmentation de 27%, leur part du total restant à peu près constante (24%).
L’Amérique du nord devrait quant à elle voir sa population augmenter légèrement (+22%) et se maintenir ainsi à 5% du total, tandis que celle des autres parties de l’Amérique devrait légèrement décroître.
Jean-Charles PARACUELLOS
Le TABLEAU DE BORD
Le tableau de bord d'Ilissos fait régulièrement le point sur la situation économique de la France dans la zone euro.
Les humeurs d'Armando

La LETTRE : Numéro 188-189
Juin-Juillet 2025
Sujets des dossiers ::
DÉMOCRATIE EN CRISE
[titre]La démocratie vacille : raison de plus pour s'y accrocher Parler de démocratie dans le monde d’aujourd’hui donne l’impression que tout va mal : montée des extrêmes, agressivité politique, défi...
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