Le BILLET QUESTIONS DU JOUR
Publié le 2 Février 2024
Malaise agricole de 2024
Par Alain MAGNIER
Outillés pour faire des démonstrations spectaculaires, les agriculteurs en manifestations donnent une image de désarroi général pour toute la profession. Le message universellement repris est de professionnels essentiels qui sont extrêmement pauvres et qui travaillent un nombre incroyable d'heures par semaine, en fait un bagne qui n'obtient même pas la reconnaissance à laquelle ils prétendent. Ils nous nourrissent, ils entretiennent les paysages et ils se font honteusement exploiter par les multinationales de l'alimentaire.
Ils obtiendront des compensations fiscales, des primes diverses et de subventions pour certaines de leurs productions en même temps qu'une réduction des contraintes administratives ...
La réalité est pourtant à nuancer très fortement. Il n'y a pas cette population homogène qui survit courageusement dans une misère insoupçonnable. Il y a des métiers agricoles très variés avec des revenus très variables. De plus les critères d'évaluation sont des critères urbains technocratiques. Les mesures françaises et européennes qui seront prises le seront sans analyse des situations justifiant une intervention publique.
Sur les revenus d'abord, les écarts sont énormes. D'après le FADN (base de données européennes créée en 1965 par le Conseil de l'Europe), le revenu moyen des agriculteurs français est de 43.500 euros par an, à comparer avec celui des salariés, mais les charges ne sont pas celles des ménages urbains. Leur énergie, leur matériel de transport, leurs réseaux sont comptés en charges professionnelles, leurs logements sont liés aux exploitations...
La FNSEA qui accompagne les revendications a négocié des avantages privilégiant certains, comme la prime européenne à l'hectare ou les aides et subventions, qui vont aux plus grands producteurs et sont non comptabilisées dans les revenus annoncés, et sont liées à de nombreuses productions attribuées sans contraintes.
Sur les contraintes administratives, il y a, heureusement, un contrôle des cheptels assez efficace même si on trouve encore des "animaux virtuels" quelquefois. Mais les autorisations "exceptionnelles" de pesticides et autres traitements continuent de nuire à leur santé comme à la santé des consommateurs. Ils multiplient les élevages industriels, additionnant les nuisances et les concentrations de déchets, ils polluent les eaux au point de nuire aux pêcheurs et ostréiculteurs
Se déclarer "entreteneurs" des paysages est un simple mensonge. Depuis des décennies ils jouent avec drainages et irrigations, ils pompent les nappes phréatiques sans contrainte ni redevances ; souvent subventionnés d'ailleurs, ils suppriment des kilomètres de haies et arbres isolés, ils déboisent les feuillus pour remplacer par des conifères qui acidifient les sous-sols, là encore avec des subventions publiques.
Oui, il y a un problème paysan, il y a des problèmes paysans, mais les solutions ne sont pas avec des règles à calcul et quelques allocations, elles sont dans une véritable prise en compte des conditions d'exercice. Le foncier, le cheptel, sont des capitalisations insupportables, qui ne deviennent monnayables qu'à la fin des exploitations. La course à plus de surfaces liée à la course aux sophistications de matériel est le vrai frein à l'installation de jeunes. La biodiversité symbolique des loups, les lynx ou des ours est une contrainte insupportable pour les éleveurs ...
Il s'agit bien de considérer les exploitants agricoles dans leur filière, coincés entre les vendeurs de phytosanitaires, de tous les matériels techniques à l'amont et les réseaux de distribution à l'aval. Il s'agit de redistribuer contraintes et rémunérations. Il s'agit de redonner un sens à tous les aspects de ces métiers liés à la nature vivante. Peut-on soupçonner les vendeurs de pesticides d'utiliser la FNSEA comme relais ? Pourtant l'arrêt d'Ecophyto a été une concession majeure pour calmer le mouvement ( le même jour, l'OMS prévoit une augmentation de 77% de cancers d'ici 2050 !)
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